Les ateliers

Le premier atelier parisien


Le premier atelier parisien des frères Martel était situé au 6 rue Huyghens dans le 14ème arrondissement de Paris.


Les frères Martel dans leur atelier du 6 rue Huyghens à Paris, dans le XIVe arrondissement. Derrière Jan (à gauche) et Joël (à droite) le cadre représente une des maquette du monument Debussy.


Jan Martel pose devant la table de travail en carreaux, où est fixé un taille crayon. Sur la gauche posé contre le mur le tisonnier du poêle à charbon 
(que l'on aperçoit sur la gauche du cliché précédent). Cliché de Thérèse Bonney en 1926.


Cette photo a été prise par Marc Vaux en 1927, dans le premier atelier de la rue Huygens à Paris, alors que l
es frères Jan et Joël Martel vont déménager dans la construction que vient de réaliser leur ami architecte Robert Mallet-Stevens dans la rue éponyme. Au mur figure le projet de la construction avec le nouvel atelier.

Le second atelier parisien

Les frères Martel déménagerons rue Mallet-Stevens à Paris dans l'immeuble conçu pour eux par leur ami Robert Mallet-Stevens. 

C'est avec l'aide financière de leur père qui vend son appartement parisien et plusieurs terrains en Vendée qu'ils pourront acquérir ce nouvel atelier et quitter celui du 6 rue Huygens dans le 14e arrondissement. Le père s’installe dans l’appartement du troisième étage tandis que Jan et sa famille occupe le deuxième.


En 1926-1927, Robert Mallet-Stevens construit un hôtel particulier pour les deux frères au n° 10 rue Mallet-Stevens à Paris dans le 16e arrondissement, dont la porte d'entrée principale est conçue par Jean Prouvé. 

L’atelier Martel, au 10 rue Mallet-Stevens est le seul édifice de cette voie inaugurée en 1927, exempt de toute modification. 

La bâtisse a conservé ses lignes et ses volumes strictement d’origine. L’impasse dont les cinq hôtels particuliers et la maison de gardien ont été pensés par Robert Mallet-Stevens (1886-1945), illustre les préceptes architecturaux du Mouvement Moderne, véritable manifeste personnel. Dessiné pour les frères Martel, Joël et Jan (1896-1966), sculpteurs avec qui l’architecte collabora à de nombreuses reprises, le bâtiment a été réalisé entre 1926 et 1927. Jeux de cubes blancs, décrochés, gradins, ouvertures, baies vitrées, auvents, la maison se conçoit à l’instar d’un bloc sculpté, une expérience plastique idéale. Les volumes articulés autour d’un axe central, un cylindre dans lequel court la cage d’escalier lui confèrent une esthétique qui doit beaucoup à la spécificité du programme. 


La clef de l'atelier parisien, rue Mallet-Stevens 
© Archives familiales, cliché de Jacques Desbarbieux

Cet hôtel-atelier figure dans la liste des 150 maisons à visiter avant de décéder !


L'illustration page 144


150 Houses you need to visit before you die


L'illustration page 145 avec le texte en anglais (ci-dessous)

The architect Robert Mallet-Stevens (1886-1945), one of the leading proponents of Modernism in France, built this remarkable studio with apartments for the sculptors and twin brothers Jan and Joël Martel. Located in the prestigious Rue Mallet-Stevens in Paris, it is one of five buildings that the architect built on this street. In addition to three self-contained apartments, the development includes a large studio set on two levels, with ceilings high enough to accommodate the sculptors' works. The studio is the main space in the house and is arranged on different levels, offering multiple perspectives. The facade is sculptural, with its white cubic masses, its recessed terraces, and an imposing cylindrical volume that encloses the circular staircase going up to the roof terrace. In front of the house, one might imagine that the luminous fountain designed by the architect had always been there.

In fact it was placed there by the current owner only recently and was originally intended for the garden of the Casino de Saint-Jean de Luz.



C'est dans cette Villa-atelier que les frères Jan et Joël Martel travailleront jusqu'à la fin de leur vie. Cet espace élégant, baigné de clarté a présidé à la création d'une œuvre lumineuse où l'idée simple prend corps dans une image vivante et rythmée en totale adéquation avec l'esprit de géométrisation d'une époque artistique foisonnante, libre, joyeuse et novatrice.



Les frères Martel dans leur atelier de la rue Mallet-Stevens à Paris


La dimension de l'atelier était propice à la réalisation de sculptures de grande taille, tout en apportant un maximum de luminosité. Photo de 1932 avec les frères Martel au milieu de différentes œuvres : Buste, Mado, Trinité, Accordéoniste, Nu féminin, Joueur de polo, etc



Joël Martel, en 1932, dans l'atelier au pied de la joueuse de luth du monument à Claude Debussy. 
La sculpture est haute de 4 mètres.


Les frères Martel dans leur atelier parisien vers 1930


Jan et Joël Martel dans leur atelier de la rue Robert Mallet-Stevens à Paris. Cliché de Thérèse Bonney en 1931. On découvre au premier plan l'Ile d'Avallon (Pergola de la Douce France) et au sol un bas-relief du Pavillon du Tourisme (exposition de 1925). Sur la tablette quelques sculptures : un coq, un chat assis, le danseur Jean Börlin et un oiseau. Posé au sol le buste du monument aux morts de Néron. Au fond accroché au mur le projet du monument Debussy. Sur une sellette un accordéoniste.


En 1947, devant la sculpture pour le monument à Charles Milcendeau

L’hôtel particulier se compose de trois appartements indépendants dans les étages et d’un vaste atelier d’artiste développé sur trois niveaux, un espace au rez-de-chaussée de plain-pied sur la rue, un volume inférieur en contrebas et une loggia en mezzanine. Le raffinement des détails met en scène l’idée d’une œuvre d’art totale, d’une architecture où extérieurs et intérieurs dialoguent puissamment. Robert Mallet-Stevens s’est attaché les services des grands artisans de l’avant-garde. Vitraux de Louis Barillet, ferronneries de Jean Prouvé, il a lui-même composé certains espaces de vie et fait appel à Pierre Chareau, Gabriel Guevrekian ou encore Charlotte Perriand pour créer un mobilier in sitù.


Vue plongeante sur l'atelier des frères Martel et l'hôtel particulier de Robert Mallet Stevens dans la rue qui porte le nom de l'architecte à Paris dans le 16ème arrondissement.


Maquette de l'atelier, visible sur place.

La construction de l’immeuble des frères jumeaux Joël et Jan Martel, sculpteurs et collaborateurs de Mallet-Stevens, diffère de toutes celles de la rue. Le programme prévoyait sur cette parcelle de 12 m x 18 m un atelier de sculpture et 3 appartements indépendants. 


L’atelier en rez-de-chaussée est sur 3 niveaux. Cette dénivellation fragmente les volumes des étages supérieurs permettant ainsi de répondre aux exigences du programme. La cohérence de la villa est faite par une grande terrasse commune et par l’escalier central qui articule les différents appartements tel un pivot cylindrique central.


Cette photo, montrant l'atelier des frères Martel, est parue le 15 août 1927 dans la revue l'Art Vivant avec un texte de Jean Galletti " Une nouvelle rue à Paris ".


Les frères Martel se sont beaucoup impliqués dans l’aménagement intérieur. Les meubles coulissants sur des tringles fixées au mur ne touchent pas le sol, facilitant ainsi son entretien. Cet hôtel qui est resté la propriété des frères Martel jusqu’à leur mort en 1966, est le seul édifice de la rue Mallet-Stevens qui n’a subi aucune modification. La majorité du mobilier est encore d’origine, signés C. Perriand, F. Jourain, G. Guévrékian, ce qui lui a valu d’être classé le 11 décembre 1990 dans sa totalité ainsi que l’aménagement intérieur et l’atelier 3.

Après la disparition des jumeaux cette maison a connu plusieurs propriétaires comme la galerie allemande  de Claudia & Karsten Greve et l'antiquaire Eric Touchaleaume.



Plan de l'atelier, 1926, Ci-dessus : Mine de plomb sur papier quadrillé. 31,5 x 57,5 cm. Ci-dessous : Mine de plomb sur calque. 21 x 32 cm Dessins de Jan et Joël Martel.


Calepinages, plan, 1926. Gouaches grise et blanche et mine de plomb sur papier. 15 x 32 cm.


L'atelier a été aménagé par Francis Jourdain, qui réalise en 1928 des meubles coulissants pouvant être déplacés sur deux tringles parallèles fixées au mur, par Gabriel Guevrekian, qui dessine une grande chambre à coucher-studio, puis en 1929-1930 par Charlotte Perriand qui exécute un studio-bar à portes également coulissantes. Cette maison-atelier qui contient plusieurs de leurs œuvres est classée au titre des monuments historiques depuis le 11 décembre 1990.


L'atelier en décembre 2014 © Photos de Jacques Desbarbieux

En façade, les différentes hauteurs traduisent les volumes intérieurs qui se répercutent d’un niveau à l’autre dans un mouvement fluide jusqu’aux étages supérieurs. La discontinuité des lignes, fruit de la dénivellation, fragmente les élévations. Les décalages initiés par les trois niveaux de l’atelier se répercutent sur l’ensemble de la structure articulée autour de l’escalier central. Le pivot cylindrique parcouru d’un long vitrail de Barillet se dresse jusqu’à la grande terrasse commune point de jonction de l’ensemble, où il est couronné d’un disque de ciment égayé de mosaïque rouge. L’exigence du programme pensé par Mallet-Stevens se lit dans la cohérence des volumes géométriques imbriqués. 



La porte d’entrée métallique, très haute et coulissante, qui a été conservée, permettait le passage d’œuvres de grandes dimensions comme les statues.



Les grandes baies vitrées apportent un maximum de luminosité indispensable pour cet atelier d'artistes. Ces impressionnantes verrières de l'atelier ont été réalisées par le maître-verrier Louis Barillet. Elles mettent en valeur la volumétrie spectaculaire des lieux.







La villa-atelier dispose de 3 entrées, celle de l'habitation au centre, un garage à gauche et la grande porte d'accès à l'atelier des sculpteurs à droite.


Dans l’atelier, la hauteur sous plafond exceptionnelle de 6 mètres et les jeux de niveaux permettaient d’observer des points de vue différents sur les œuvres en plongée et contreplongée.




Vue de l'atelier © Krulle Germaine 1928 Museum Folkwang, Essen


Les photos de l'atelier par Thérèse Bonney © Circa 1927 / 1930

Américaine, Mabel Bonney dite Thérèse Bonney (1894 – 1978) fait initialement des études de lettres à l'université de Berkeley. Elle s'installe en 1918 à Paris où elle termine ses études par une thèse à la Sorbonne sur les idées morales dans le théâtre d'Alexandre Dumas.

Elle devient journaliste, travaille pour le Figaro, fonde le premier service américain de presse illustrée en Europe et se passionne pour l'architecture et les arts français.

Une partie de ses photographies représente ainsi des portraits de ses amis architectes et peintres Robert Mallet-Stevens, Gabriel Guévrékian, Pablo Picasso, Pierre Bonnard ou Raoul Dufy - avec qui elle vit. Son intérêt pour l'architecture et le style " art déco " lui fait également enregistrer de nombreux documents représentant des façades et intérieurs d'immeubles, devantures de magasins, détails d'architecture, éléments de mobilier et objets.

En tant que reporter, elle fait partie de ces rares femmes photographes de guerre, à l'instar de Germaine Krull. Elle couvre l'ensemble la Seconde Guerre Mondiale de 1939 jusqu'à la libération des camps de concentration, en passant par les bombardement en Grande-Bretagne et l'exode en France.


La façade d'entrée de la Villa des frères Martel © Thérèse Bonney 1928 (ci-dessus et ci-dessous)



Vue d'ensemble de la Villa des frères Martel © Thérèse Bonney 1928


Vue d'ensemble extérieure de la Villa des frères Martel avec Joël Martel © Thérèse Bonney 1927



Terrasse de la Villa des frères Martel
Photos de Thérèse Bonney © 1928



Bar de la Villa des frères Martel © Thérèse Bonney 1930


Bibliothèque de la Villa des frères Martel © Thérèse Bonney 1927


Départ d'escalier de la Villa des frères Martel © Thérèse Bonney 1928


Détail d'architecture de la mezzanine de la Villa des frères Martel (atelier de sculpteurs) © Thérèse Bonney 1928


Escalier de la Villa des frères Martel © Thérèse Bonney 1930


Escalier de la Villa des frères Martel © Thérèse Bonney 1928


Salle à manger de la Villa des frères Martel (atelier de sculpteurs)
© Photo de Mabel Bonney dite Thérèse Bonney


L’escalier intérieur du 10 rue Mallet-Stevens, Paris © A&A Courtauld Institute of Art


Détails de l'atelier des frères Martel



L'atelier des frères Martel en 1946


La rue Mallet-Stevens vue depuis le belvédère de l'hôtel Martel, photographiée en 1927 par Chevojon. Collection Langer-Martel


Huile sur toile de la rue Mallet-Stevens par Josette Briau Martel, vers 1930. Collection Langer-Martel


La vue depuis le belvédère a presque un siècle d'écart est amputée par la pousse d'un gigantesque résineux.

L’atelier des frères Martel transformé en habitation privée






Le lieu a conservé sa pureté et sa modernité. Son architecture intérieure n’a pas été dénaturée. Le mobilier actuel définit les différentes fonctions de l’espace. Les murs peints en blanc et les sols simplement carrelés renouent avec sa vocation originelle. Photos © Architecture de Collection.

L'esprit des frères Martel semble toujours hanter les lieux. Sans doute en raison de cette statue de femme vendéenne et gironde qui accueille les visiteurs dans l'entrée, modèle original mais de taille réduite par rapport à l'œuvre grand format réalisée par les jumeaux pour un cimetière en Vendée.

Réalisant un rêve d’enfance, l’antiquaire Éric Touchaleaume a restauré cet atelier de 171 m2. Avec soin en le meublant de pièces de Perriand, Prouvé et Jeanneret. Une galerie idéale, mais surtout un lieu de vie.


Mallet-Stevens embrasse les audaces formelles rendues possibles grâce aux matériaux nouveaux. Le béton armé fait disparaître les lourdes structures et permet de dégager de grands espaces. Dans sa quête de lumière zénithale, il déploie de grandes baies vitrées et exploite les particularités des plafonds en pavés de verre. L’atelier Martel est d’autant plus exceptionnel qu’il a conservé ses proportions originelles tandis que les autres édifices de la rue ont été dénaturé par des surélévations et des rajouts avant que l’ensemble soit inscrit à l’inventaire supplémentaires des monuments historiques en 1975 puis classé en 1990.



L’escalier sculptural dessine une spirale impressionnante.




L’intérieur est rythmé par des différences de niveaux qui séparent naturellement les différents espaces.


Dans l’atelier inférieur, destiné autrefois au moulage et travail de la terre, la salle de bains et le dressing ont été aménagés.


Une mezzanine brise le grand plateau central. A l'occasion de ses 50 ans, Habitat, a réédité plusieurs meubles signés Mallet-Stevens, dont le fauteuil et la chaise longue qui sont présents.


La chambre est aménagée sur une mezzanine qui profite d’un éclairage zénithal.


La pièce à vivre est éclairée par la lumière naturelle diffusée par de larges baies vitrées qui donnent sur une terrasse.


La bibliothèque, aménagée sur une mezzanine, s’inscrit discrètement dans l’espace.


Dans l’ancien jardin d’hiver, au plafond ajouré, une cuisine (Boffi) a été installée.


Le sommet de la tour centrale circulaire qui donne sur la terrasse et l'escalier d'accès au belvédère.


Vue plongeante sur la terrasse de l'atelier des frères Martel avec son belvédère circulaire. Au sol les motifs géométriques des calepinages en carreaux dessinés par les frères Martel.



Maquette ouverte de l'atelier, montrant les volumes intérieurs


C'est aux 2e et 3e étages de l'hôtel Martel que Jan Martel vécu avec sa famille dans un petit appartement. Articulé autour de l'escalier central, l'entrée au deuxième étage donne directement accès à une pièce qui tient lieu de séjour et salle à manger. Cette salle se prolonge de plein pied par la terrasse exposée au sud. L'accès à l'étage se fait par un escalier intérieur débouchant sur un palier qui dessert les deux chambres et la salle de bains.


Les jumeaux dans leur atelier en 1955.